projection sauvage entre les montagnes, période de confinement

Je m’appelle Marie BOULIER

J’aime à penser qu’en se déplaçant d’à peine quelques pas sur le côté,

l’on peut voir le monde d’une toute autre façon.

Comme cette fois… C’était l’hiver, on était isolés par une maladie qu’on comprenait mal, vous vous souvenez ? Je ne vous dis pas la morosité dans mon immeuble de la place de la Dragonne ! On avait froid, on avait la trouille, on se causait à peine, une ambiance de fin du monde, franchement ! Et puis, avec mes marmots, on a eu une idée. Comme on profitait de cet isolement forcé pour regarder plein plein de films trop chouettes : du cinéma muet, des films avec De Funès, des animés de Miyazaki et puis des comédies des Nuls, aussi !, on s’est dit que voilà, ce lien-là, ce serait chouette de le partager. Sauf que ! Comment partager un film quand on ne peut même pas partager un sourire, planqués derrière nos masques ? Tu parles, Charles ! On a fait le fameux pas de côté. On ne pouvait pas inviter les voisins à se lover dans les canapés du salon ? On allait trouver une autre solution ! Notre vidéoprojecteur a été installé sur le rebord de la fenêtre. On a bidouillé trois réglages et on vite compris que notre intuition était bonne. La machine envoyait l’image de l’autre côté de la rue, sur le mur blanc de la maison d’en face ! Ni une, ni deux, on a testé ça en projetant L’arroseur arrosé, de Louis Lumière. La fois suivante, on a prévenu les voisins en glissant des invitations dans leurs boîtes aux lettres et on y a adjoint des sachets des pop-corn enrubannés, les doigts fort croisés pour qu’ils jouent le jeu. Et ils l’ont fait ! Tous les jeudis de cet hiver là, on a regardé un Charlot ou un Buster Keaton, tous ensemble-chacun chez soi, accoudés à nos fenêtres. Il n’y avait plus rien de morose dans les recoins de l’immeuble de la place de la Dragonne, ça applaudissait même ! et parfois d’autres voisins un peu plus loin jetaient un œil et criaient bravo bravo ! On est devenus copains, après ça… et j’en entends parfois encore parler dans le quartier, de notre cinéconfiné !

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c’est dans la colonne de droite.

Last but not least,

j’en propose a une version audio et promis, je prends ma voix la plus tendre pour te narrer tout ça en t’enveloppant dans un cocon de douceur… (et parfois même je fais des blagues dis donc !)